2 400 euros de chiffre d’affaires annuel ne valent rien s’ils n’alimentent pas la caisse de retraite. L’illusion d’une activité continue peut coûter cher lorsque l’heure de la retraite sonne. Sous le régime auto-entrepreneur, ce sont les cotisations effectivement versées qui ouvrent des droits, pas la simple existence d’une activité sur le papier.
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Comprendre ses droits à la retraite quand on est auto-entrepreneur
Le statut auto-entrepreneur séduit par la promesse d’un fonctionnement facile, mais la question de la retraite auto-entrepreneur soulève vite des doutes. Rien à voir avec le parcours classique d’un salarié. Tout se joue à la déclaration près, mais ces euros déclarés n’ont pas toujours la portée qu’on imagine. Pour engranger des droits, il faut être affilié au régime CNAV (pour la majorité des artisans et commerçants) ou à la CIPAV dans le cas de certaines professions libérales. Au-delà de ce tronc commun, chaque statut impose ses propres méthodes de calcul et critères de validation de trimestres.
Ici, c’est le chiffre d’affaires déclaré et les cotisations effectivement réglées qui façonnent le socle de la future retraite. Ceux qui laissent filer plusieurs mois sans activité réelle, convaincus que tout tourne ainsi, découvrent souvent bien tard qu’aucune validation ne s’est opérée. Le piège est là : il ne suffit pas d’être immatriculé pour garantir une retraite micro-entrepreneur satisfaisante.
Pour mieux cerner les particularités de chaque affiliation, il faut jeter un coup d’œil aux principaux régimes :
- Le régime de base couvre la totalité des auto-entrepreneurs affiliés à la Sécurité sociale des indépendants (SSI).
- Les professions libérales non réglementées relèvent aussi de la SSI, tandis que pour les autres, la CIPAV prend le relais.
- Côté retraite complémentaire, des dispositifs existent mais varient selon l’organisme d’affiliation.
Pour compléter le tout, certains choisissent d’anticiper via un plan épargne retraite (PER) afin de compenser la modestie possible de la pension. Accumuler des droits n’a rien de spontané : la retraite auto-entrepreneur s’organise, déclaration après déclaration, sans faux espoirs.
Comment sont calculées vos cotisations et vos trimestres ?
Le mode de calcul des cotisations sociales en auto-entreprise ne laisse aucune place à l’approximation. Chaque euro de chiffre d’affaires compte : il suffit de ne rien déclarer pendant une période et le droit s’évapore. Impossible de « passer entre les gouttes ».
Le principe est sans détour : un taux forfaitaire s’applique sur le chiffre d’affaires, variable selon la nature de l’activité. Ainsi, la vente de marchandises implique 12,3 %, les prestations de service artisanales ou commerciales 21,2 %, les professions libérales affiliées à la SSI 21,1 %, et celles relevant de la CIPAV 21,2 %. Mais seules certaines parts de cette cotisation vont effectivement alimenter votre retraite de base et la complémentaire.
Pour mieux visualiser où poser le curseur, quelques points clefs à garder sous la main :
- Pour valider un trimestre, il faut atteindre un chiffre d’affaires annuel d’au moins 6 624 € (vente) ou 3 984 € (services) pour 2024. On ne dépasse pas quatre trimestres validés sur une année.
- Les cotisations retraite sont prélevées automatiquement à chaque déclaration, aucune démarche supplémentaire à prévoir.
Petit détail qui fait toute la différence : certaines professions libérales réglementées restent affiliées à la CIPAV alors que d’autres relèvent de la SSI. Dans tous les cas, pas de validation de trimestre sans versement effectif. Garder une activité déclarée simplement pour « rester dans le coup » ne mène à rien côté droits acquis.
Très vite, chacun constate que le nombre de trimestres validés dépend avant tout du chiffre d’affaires, et non du nombre d’années inscrites à l’URSSAF. Veiller à franchir les seuils reste le seul moyen d’assurer le niveau de la future pension.
Les étapes clés pour demander sa retraite sans stress
Demander sa retraite auto-entrepreneur revient à avancer point par point, sans omettre aucune pièce justificative. Tout commence avec l’âge légal de départ : en général, 62 ans, sauf cas de carrière longue ou parcours spécifiques.
Faire le point sur sa carrière suppose de rassembler ses justificatifs : attestations de chiffre d’affaires, relevés de trimestres, courriers reçus de la CNAV, de la SSI ou de la CIPAV. Un relevé individuel de situation dresse la carte des droits accumulés dans chacune de ces caisses.
Voici comment s’y prendre, étape par étape :
- Accéder à l’espace personnel en ligne de l’organisme concerné pour saisir sa demande, que ce soit la SSI, la CNAV ou la CIPAV.
- Fixer la date de départ à la retraite souhaitée, en général quatre à six mois en amont du terme projeté.
- Fournir tous les documents nécessaires : justificatif d’identité, RIB, attestations d’activité et d’affiliation, derniers avis d’imposition.
Après transmission du dossier, il faut patienter le temps du traitement, qui prend généralement plusieurs semaines. Une fois validée, une notification précise le montant de la pension et la date du premier versement. Celui-ci correspond à la date de départ prévue si le dossier est complet. Si vous avez exercé sous différents régimes, il faut prendre le temps de déposer une demande auprès de chaque organisme afin d’éviter toute perte de droits.
Cumul retraite et auto-entreprise : astuces pour continuer sereinement son activité
Le cumul emploi retraite représente une option concrète pour les auto-entrepreneurs qui veulent poursuivre leur activité après liquidation. Mais attention, le système distingue cumul intégral et cumul plafonné. Accéder au cumul intégral suppose d’avoir liquidé l’ensemble de ses pensions et d’avoir atteint l’âge permettant le taux plein. À défaut, le cumul fonctionne, mais dans la limite fixée par la caisse selon vos revenus.
Le régime offre de la souplesse : continuer une activité de micro-entrepreneur reste possible sans voir son statut bouleversé. Les plafonds de chiffre d’affaires et les obligations déclaratives subsistent, comme le versement libératoire et les cotisations sociales habituelles.
Pour gérer un cumul serein, quelques réflexes changent vraiment la donne :
- Poursuivre la déclaration régulière du chiffre d’affaires, même après avoir perçu la première pension.
- Surveiller le plafond si vous relevez d’un cumul partiel, afin de ne pas dépasser ce qui est autorisé.
- Rester attentif au fait qu’aucun nouveau droit à la retraite ne s’acquiert sur l’activité exercée après liquidation.
Prolonger une activité en tant qu’auto-entrepreneur, même après le passage à la retraite, permet de concilier revenus, flexibilité et simplicité administrative. Les modalités restent souples, mais exigeront toujours rigueur dans la gestion des plafonds et des déclarations. On gagne souvent à s’appuyer sur des conseils adaptés pour déterminer la formule la plus pertinente, selon son parcours et ses projets futurs.
Au final, rien n’efface les trimestres non validés ou les années mal anticipées. Se préparer en amont, contrôler chaque étape, c’est la clef pour transformer la retraite auto-entrepreneur en tremplin, et non en atterrissage forcé.


