Le chiffre frappe : une poignée de brokers européens gèrent aujourd’hui plusieurs millions de portefeuilles… sans jamais toucher directement aux titres de leurs clients. Le contraste avec les banques traditionnelles est saisissant. Certaines plateformes d’investissement européennes ne détiennent pas directement les titres de leurs clients. La séparation stricte entre les actifs propres d’un courtier et ceux de ses clients relève d’une exigence réglementaire, mais sa mise en œuvre varie selon les établissements. Parfois, les fonds transitent par des entités de cantonnement indépendantes, échappant ainsi à la liquidation en cas de défaillance du courtier.
En Europe, la directive MiFID II encadre la protection des investisseurs, mais laisse une marge d’interprétation pour les modalités concrètes. Ces différences suscitent des interrogations sur la solidité des mécanismes de sauvegarde en cas de faillite d’un intermédiaire financier.
Pourquoi la question du risque de faillite chez Degiro suscite-t-elle autant d’inquiétudes ?
Dès que la moindre turbulence secoue les marchés, le spectre du risque de faillite d’un courtier comme Degiro revient hanter les discussions des investisseurs. Le profil du courtier interpelle : aucune cotation en bourse, une capitalisation modeste comparée aux mastodontes du secteur, et l’absence d’un grand groupe bancaire derrière lui. Les investisseurs chevronnés le savent : la confiance dans son courtier est un socle, pas un détail.
Ajoutez à cela une croissance fulgurante, une multiplication des comptes et, parfois, des remontées d’utilisateurs lassés d’un service client saturé lors des périodes de forte activité. Ce cocktail alimente les doutes et laisse planer la menace d’une gestion sous pression, où le risque technique ou opérationnel n’est jamais bien loin.
Préserver ses avoirs, titres, liquidités, portefeuilles, reste une préoccupation constante. Le tout-dématérialisé, l’absence de guichet, et l’âge encore tendre de la plateforme n’apaisent pas les esprits. Forums et réseaux comparent sans relâche Degiro à des acteurs comme Saxo Banque ou Trade Republic, cherchant la faille ou le point fort.
Dans ce paysage mouvant, la réglementation évolue, mais la multiplication des offres digitales, la diversité des statuts et l’opacité de certains marchés brouillent les repères. La moindre alerte peut suffire à relancer la méfiance vis-à-vis du risque de faillite chez Degiro et la question, lancinante, de la récupération des fonds reste sur toutes les lèvres.
Les dispositifs concrets mis en place par Degiro pour sécuriser vos investissements
Pour répondre à la montée des interrogations, Degiro a mis en place une série de mesures concrètes. L’axe central : la ségrégation des actifs. Autrement dit, vos titres et vos liquidités ne se retrouvent jamais mêlés aux comptes propres du courtier. Ils transitent sur des comptes séparés, à l’abri d’une éventuelle saisie en cas de défaut.
La garantie des dépôts complète ce dispositif. Degiro agit sous la surveillance de la Banque centrale néerlandaise (DNB) et du BaFin, le superviseur allemand. Si une faillite bancaire survenait, la loi néerlandaise garantit la protection des liquidités jusqu’à 100 000 euros par client, conformément aux normes européennes.
La sécurisation des titres s’appuie sur une séparation stricte : chaque portefeuille est hébergé sur un compte-titres dédié, via une structure ad hoc. Ce principe permet, même en cas de faillite, une restitution directe des actifs, hors du bilan du courtier.
Voici, concrètement, les principaux remparts :
- Ségrégation des actifs : titres et liquidités isolés hors du bilan Degiro
- Garantie sur les liquidités : jusqu’à 100 000 euros couverts par la DNB
- Supervision BaFin : conformité et contrôles réguliers imposés par l’Allemagne
Degiro s’aligne ainsi sur les exigences européennes, comme ses concurrents Saxo Banque ou Trade Republic. Mais attention : ces dispositifs protègent contre la défaillance du courtier, pas contre les aléas du marché. Les garde-fous sont là pour garantir que vos avoirs restent accessibles, même si l’intermédiaire venait à défaillir.
Que se passe-t-il pour vos fonds et titres en cas de défaillance du courtier ?
La faillite d’un courtier, même solidement encadré comme Degiro, pose une question simple : où vont vos portefeuilles ? Tout repose sur la ségrégation des actifs. Vos titres (actions, ETF, obligations) sont inscrits au sein d’une entité indépendante. Le courtier ne peut ni les utiliser, ni les prêter sans votre accord explicite.
Si la procédure de défaut s’active, un administrateur judiciaire prend la main. Les clients ne sont pas effacés d’un trait de plume : la chaîne de propriété est reconstituée, les titres présents sur les comptes-titres ordinaires (CTO) peuvent être transférés chez un nouvel intermédiaire, une fois la procédure enclenchée.
Pour vos liquidités, la garantie des dépôts jusqu’à 100 000 euros par personne s’applique, via le fonds de protection néerlandais (DNB). Ce filet concerne uniquement le cash, jamais la valeur des titres eux-mêmes.
Les points clés à retenir :
- Titres séparés : possibilité de restitution, même si la liquidation est engagée
- Liquidités protégées : plafond de 100 000 euros
- Rapport fiscal : disponible pour simplifier un transfert chez un autre courtier
Attention toutefois : la garantie sur les titres ne protège pas contre la volatilité des marchés ni la faillite d’un émetteur. Seul le lien entre l’investisseur et ses actifs est préservé. Ce système limite, dans les faits, le risque de voir ses avoirs disparaître en cas de défaut du broker.
Solutions et recours pour les investisseurs : comment agir sereinement face à l’imprévu
Face à l’incertitude, l’investisseur averti s’organise. La diversification reste une stratégie incontournable. Évitez de concentrer tous vos placements chez un seul courtier, même si Degiro séduit par ses frais compétitifs et sa plateforme intuitive. Ouvrir un second compte, chez Saxo Banque ou Interactive Brokers par exemple, c’est s’assurer un plan de repli en cas de pépin, sans être pris au dépourvu.
En cas de défaillance, il s’agit de suivre une série d’actions précises. Les autorités de régulation (AMF, DNB, BaFin, AFM) publient régulièrement des communiqués pour aiguiller les clients. Consultez votre espace personnel, surveillez l’email Degiro pour rester informé. Rassembler ses documents, relevés de portefeuille, rapport fiscal, historique de transactions, facilite grandement toute procédure de migration vers un deuxième courtier.
Renforcer son éducation financière permet aussi de mieux comprendre le fonctionnement de la ségrégation des actifs et les limites des garanties sur les liquidités. Les documents d’information de l’AMF ou du DNB sont accessibles à tous. Même si les délais du service client Degiro s’allongent en période de tensions, il reste pertinent de solliciter des réponses pour clarifier sa situation.
Voici quelques réflexes à adopter :
- Répartissez vos investissements sur plusieurs plateformes pour limiter les risques.
- Gardez des copies de vos relevés régulièrement à jour.
- Renseignez-vous à l’avance sur le fonctionnement d’un courtier alternatif.
La volatilité des marchés ne doit jamais faire oublier la vigilance. Anticiper, surveiller, et garder un œil sur les alertes des régulateurs comme l’AMF ou la DNB, c’est déjà renforcer la solidité de son patrimoine. Face à l’imprévu, la prévoyance reste la meilleure des assurances.

